Préambule

I. Ce petit guide est réalisé "à la manière de " Thanatos.
II. Il ne faut croire tout ce qui est écrit. A vous de vérifier.


La pellicule


La pellicule est composée d'un film de plastique sur lequel est appliqué une couche de gélatine. Mais pas n'importe quelle gélatine! De la gélatine fourrée de petits cristaux d'halogénure d'argent (généralement du bromure et un peu d'iode). Cette surface dite "photosensible" est composée d'une mosaïque de cristaux d'une taille de quelques dixièmes de microns contenant quelques milliards de paires d'ions Ag+ Br-. Ces cristaux que l'on trouve généralement au nombre de deux à dix millions dans une pellicule 24x36 constitueront les plus petits éléments de l'image argentique.

Le principe de la photographie argentique repose sur la brève exposition de la pellicule à la lumière réfléchie par l'objet à photographier. Durant ce court instant, un petit nombre (typiquement 4) d'ions argentiques va se transformer en un agrégat d'atomes d'argent métallique. Bien que l'argent métal soit opaque, un agrégat de 4 atomes est trop petit pour être visible à l'oeil nu, on parle alors d'"image latente". (Et plus l'attente est longue ...)

L'exposition

Déjà,
L'expostion doit-elle être universelle ?
Ok, la sortie est ici.
Refermons cette parenthèse.

Que se passe-t-il lors de l'exposition ?

On peut considérer le cristal comme un réseau ordonné d'ions Ag+ et Br- baigné par une mer d'électron. Généralement les électrons se répartissent harmonieusement de telle manière à ce que, statistiquement, le cristal soit neutre partout. Quand un photon, réfléchi par l'objet, traverse le cristal, il lui arrive de frapper un électron (on dit interagir). Le photon cède alors son énergie pour expédier un gentil électron un peut plus loin dans le cristal. On avait un joli cristal tout neutre partout et maintenant on a une région du cristal ou il a un électron de trop, cette région sera négative parce que l'électron porte une charge négative. Et un peu plus loin, une région ou la charge d'un ion Ag+ n'est plus compensée par la présence de l'électron; on dit que l'on a un trou de charge positive. On considère le trou comme une "pseudo" particule positive. En effet, le trou peut se mouvoir (dingue ça) dans le cristal, tout le comme l'électron. Mais attention c'est bien le trou qui se déplace et pas l'ion Ag+ (il est bien trop lourd pour ça ~ 200 000 fois plus lourd que l'électron). La charge + au niveau du trou peut être comblée par un électron se trouvant à proximité, mais cela va induire un charge positive ou se trouvait précédemment l'électron. Et ainsi de suite.

Maintenant que nous avons une paire trou/électron que peut-il leurs arriver ?

1. Un truc tout bête, l'électron et le trou se rencontre. L'électron tombe dans le trou, libère l'énergie gagnée lors de l'éjection sous forme de lumière et tout rentre dans l'ordre. L'opération est neutre mais c'est très emmerdant pour la sensibilité du film.

2. Autre possibilité, l'électron et le trou ne se rencontrent pas, et errent dans le cristal. Lors de sa pérégrination l'électron peut finalement rencontrer un ion argent Ag+ et se mettre en orbite autour de l'atome d'argent pour donner de l'argent métallique ( Ag+ et e- => Ag°)
Cela ce passe généralement à la périphérie du cristal parce que l'on a pris soin de l'enduire (adsorber qu'il faut dire) d'une substance qui facilite le processus. Quant au trou, il va aussi finir en périphérie du cristal et un trouvera une bonne âme qui fournira un électron (h+ et Br- => Br°). Globalement, on a Ag+ Br- hv => Ag° et Br°.

3. La dernière possibilité est appelée recombinaison indirecte. Lors de sont déplacement un trou rencontre un atome d'argent neutre. Et subrepticement, le trou arrache un électron a l'atome (h+ et Ag => Ag+). Le trou est alors comblé et l'atome redevient un ion Ag+. Et dire que l'on s'était donné du mal pour créer un atome d'argent. C'est balot ...


En général, le rendement est de 10 à 30%, c'est à dire que pour 100 paires électron/trou, on ne formera que 10 à 30 atomes d'argent.
Comme, il faut au minimum un agrégat de trois atomes pour que le cristal donne un point (rien a voir avec l'Eurovision : crystal one point - cristal un point) sur la photo, il faut que 10 à 30 photons frappent le cristal.

Certains petits malins (Jacqueline Belloni et al.) se sont dits que l'on pourrait facilement augmenter le rendement en plaçant dans le cristal une substance qui donne volontiers ses électrons. Comme ça, dès qu'un trou apparaît, le dopant (comme on l'appelle) rebouche le trou avec un de ses électrons pour éviter la recombinaison (directe ou indirecte). L'électron, orphelin de son trou, n'a autre choix que de réduire un ion Ag+. Voila une idée quelle est bonne mais elle a son revers comme tout bonne médaille. En effet, si le dopant donne trop facilement ses électrons, il ne va pas attendre qu'un photographe du dimanche appuie sur le déclencheur pour laisser une entrer un photon qui va créer une paire trou/électron, blabla.... . Non, le dopant s'il est trop efficace (sera utilisé par Lance Armstrong) va directement donner son électron à l'ion Ag+ pour donner de l'argent métal. Et la catastrophe, c'est le voile. Voire la bourca si le dopant est très donneur. Donc, pour résumer, on peut doper mais pas trop sinon ça se voit. (N'est-ce pas Richard). 
Cela étant dit, cette technique de dopage qui permettrait de rendre les films dix fois plus sensibles ( du genre 1000 ASA avec la finesse d'un 100)  ne semble avoir été commercialisée. 



 
Bilbliographie:
Enhanced yield of photoinduced electrons in doped silver halide crystals
J. BELLONI, M. TREGUER, H. REMITA, R. de KEYZER Nature, 1999, 402, 865-867.










Révision 1.3

Document made with Nvu